L’Afrique raconte souvent son histoire par des artisans du verbe, accompagnés du Xalam, ce instrument témoin des temps ancestraux. Et parmi ses grands maîtres, Boucounta Ndiaye s’impose comme une légende vivante. Ses doigts font couler des mélodies enracinées dans les terres ancestrales du Cayor, du Baol, du Djolof et du Saloum. Chaque note ressuscite une mémoire, chaque chant réveille un héros. Et c’est précisément cela qu’on malmène aujourd’hui : cette passerelle vivante entre notre passé et notre futur. Voilà que, ce monument de la musique traditionnelle sénégalaise se retrouve injustement attaqué par des cracheurs d’outrages qui lui reprochent la liberté de son fils à soutenir un collègue. Faut-il désormais payer le prix des opinions d’un proche ? La question mérite d’être posée.
Le Sénégal ne peut se construire sans ses racines profondes. Et Boucounta Ndiaye, qu’on le veuille ou non, fait partie de ces racines. Le ministère de la Culture restera-t-il muet face à l’acharnement ? Faudra-t-il que nos griots tombent pour qu’on érige enfin des monuments ? Ou bien attendons-nous de célébrer Boucounta à titre posthume, comme tant d’autres ? Il est encore temps de redonner à l’artiste la place qu’il mérite : celle d’un pilier de la mémoire musicale du Sénégal. Le silence du ministère de la Culture face à cette avalanche de haine est aussi bruyant que regrettable.
Lire l'article original ici.